Le train

Un jour, elle avait croisé le regard d’un homme dans le train.
Ce n’était pas un simple coup d’œil ou un bref échange de regards. Non, c’était bien plus que cela.
Dans les yeux de cet homme, elle avait vu la douleur.
C’était un regard si doux, pourtant.
Mais dans ces yeux jusqu’alors inconnus, elle avait vu la profonde solitude de ce monde.
Le vide impossible à combler.
Elle avait oublié, l’espace d’un instant, le bonheur qu’elle ressentait à l’idée de passer les fêtes en famille.
Sa joie l’avait quittée, comme envolée.
Elle avait croisé le simple regard d’un homme et avait su.
Su que quoi qu’il arriverait desormais, sa vie serait changée.
Irrémédiablement.
Non, elle n’était pas tombée amoureuse de cet homme.
Elle était tombée amoureuse de ce vide et de cette détresse.
Elle ne l’avait pas aimé, lui.
Elle avait aimé sa solitude et sa douleur si profonde que personne n’arriverait jamais à la soigner.
Même pas elle.
Surtout pas elle.
Alors ce jour-là, dans ce train, elle s’oublia et se brisa les ailes, définitivement.

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